BIOGRAPHIE
Bonnefis s’écrit sans
l à la fin. Il ne s’est jamais trouvé de meilleures raisons d’écrire que d’avoir à le rappeler sans cesse.
Passant la moitié de l’année aux États-Unis, il vit entre deux continents. Entre deux langues, deux communautés, deux cultures… Au fond, toujours « entre », et en tout. Jamais tout entier ici, jamais tout entier là. Entre littérature et philosophie, entre critique et création, entre lecture et écriture, entre écrit et oral, etc.
À l’Université d’Emory (Atlanta, Georgia), où il a son séminaire depuis maintenant plus de dix-huit ans, il est ce que l’on appelle là-bas a
spring-professor. Un professeur de printemps. Compte tenu de son âge, il a la faiblesse de trouver cette pensée consolante.
Ses maîtres, sauf illusion, sont : Francis Ponge (parce qu’il veut les choses, mais pas les choses seulement ; parce qu’il veut les mots, mais pas les mots seulement ; parce qu’il veut les deux, et les deux en même temps) et Jacques Derrida (pour la phrase, le tour de phrase, le phrasé ; parce que la pensée de Derrida est une pensée qui s’expose comme manière ; inséparable de la manière dans laquelle elle s’expose ; au fond, ce qu’il aime dans Derrida, c’est le baroque).
La rencontre intellectuelle la plus importante de sa vie a été sa rencontre avec Pascal Quignard, devenu tout ensemble, depuis, son Asselineau, son De Quincey, son Edgar Poe, son Delacroix et son Constantin Guys.
Son ambition, s’il peut l’afficher sans ridicule, serait de rendre le commentaire sur la littérature… à la littérature ! De là cette démarche qu’on lui a beaucoup reprochée, et qui consiste à aller vers la littérature avec des moyens de littérature. Vers le romanesque, mais en faisant l’économie du roman ; vers le poétique, mais en faisant l’économie du poème ; vers le théâtral, mais en faisant l’économie du théâtre…
Ses goûts littéraires, de loin, paraîtront fort éclectiques. Baudelaire, Rimbaud, Jules Verne, Claude Simon, Francis Ponge, Pascal Quignard… C’est qu’il ne saurait adorer qu’un seul dieu, et qu’en la matière il est plutôt polythéiste. Polyglotte, polygame… Ils n’en a pas moins ses auteurs de prédilection, que sont Gustave Flaubert, Jules Laforgue, Jules Vallès, Louis-Ferdinand Céline, Blaise Cendrars et Henri Michaux. Parmi tous les écrivains possibles, ceux qui théâtralisent sans doute le plus leur rapport à la langue. Les grands hystériques du domaine français.
Dont ne fait pas partie, cependant, Guy de Maupassant. Et pour lui ce n’est pas le moins étrange. Que Maupassant insiste, personnage reparaissant dans sa bibliographie où il ne revient pas moins de quatre fois, est une idée qui le trouble. Que lui veut ce revenant ? Qu’exige-t-il, à la fin ? Il n’en sait rien. Peut-être même ne souhaite-t-il pas le savoir.
Bibliographie (sélection) :
Sur quelques propriétés des triangles rectangles qui vient de paraître, à Paris, chez Galilée, en avril 2008, est son quinzième livre.
Après
Comme Maupassant, Presses du Septentrion, Lille, 1981 (2e édition, 1985 ; 3e édition, 1993) ;
Jules Vallès. Du bon usage de la lame et de l’aiguille, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1983 ;
L’Innommable. Essai sur l’œuvre d’Émile Zola, Paris, SÉDÈS, 1984 ;
Mesures de l’ombre. Baudelaire, Flaubert, Laforgue, Verne, Presses du Septentrion, Lille, 1987 ;
Blaise Cendrars phonographe, PUF, 1992 ;
Céline. Le Rappel des oiseaux, Presses du Septentrion, Lille, 1992 ;
Parfums, Galilée, 1995 ;
Céline. The Recall of the Birds, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1996 ;
Céline. Le Rappel des oiseaux. Édition considérablement augmentée et précédée d’une préface de Jean-François Lyotard, Galilée, 1997 ;
Giono. Le Petit Pan de mur bleu, Galilée, 1999 ;
Pascal Quignard. Son nom seul, Galilée, 2001 ;
Métro Flaubert, Galilée, 2002 ;
Le Cabinet du docteur Michaux, Galilée, 2003 ;
Sept portraits perfectionnés
de Guy de Maupassant, Galilée, 2005 ;
Maupassant. Sur des galets d’Étretat, Galilée, 2007.