PRÉSENTATION
Devenue ces dernières années référence obligée, l’utopie se portait vraiment trop bien : architectes, musiciens, économistes, théologiens même, théorisaient leurs pratiques en termes d’utopie ! N’y avait-il pas là une énorme machine à produire de la légitimité : la légitimité de l’impossible, d’une histoire devenue impossible à faire et devant laquelle le « système » baissait les bras – laissant à ses clercs le soin de trouver les justifications adéquates. L’appellation utopique, label de qualité de cette cuvée intellectuelle, pouvait bien ne servir qu’à sceller une nouvelle drogue.
Mais, dans le même temps, les utopies étaient devenues sérieuses. La crise des motivations que traverse le capitalisme avancé a déplacé les enjeux et les formes des luttes politiques et sociales. Même s’il y a encore une « contradiction principale », celle-ci ne peut plus être saisie indépendamment des phénomènes marginaux qui, tout à la fois, la traduisent, l’amplifient, la multiplient, la masquent et la dévient. Le centre de gravité de la crise passe par les marges. La question de la pratique devient celle d’une (?) stratégie de l’utopie.
SOMMAIRE
Pour une stratégie utopique – Economies utopiques et utopies économiques – Faire l’utopie – Faire jouer l’utopie. Musique utopique et recherches acoustiques – Découvrir l’histoire – Accomplir l’histoire – L’utopie dans le temps de l’histoire.