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Mécréance et Discrédit 2
Format : 15 x 24 cm
Nombre de pages : 184
Prix : 26 €
Date de parution : 2006
ISBN : 9782718607061




Mécréance et Discrédit 2
Les sociétés incontrôlables d’individus désaffectés


PRÉSENTATION

Dans son analyse de l’esprit du capitalisme, Max Weber posait en principe que celui-ci ne se développerait que comme désenchantement et rationalisation de la société – cette rationalisation étant alors entendue au sens de l’application du calcul à toutes les activités humaines.
Le capitalisme est aujourd’hui devenu planétaire, et il semble bien que le processus que décrivait Weber est arrivé à son terme. Or, comme résultat de la rationalisation, ce terme paraît condamné à s’effondrer dans l’irrationnel le plus inquiétant. Il engendre une misère spirituelle (une paralysie des fonctions de l’esprit humain) d’où a disparu la raison comme motif d’espérer : comme “règne des fins”, selon l’expression de Kant.
Comme disparition de tout horizon d’attente – de toute croyance, religieuse, politique, ou libidinale, qu’elle soit amoureuse, filiale ou sociale, constituant le tissu des solidarités sans lesquelles aucune société n’est possible, ce qu’Aristote nommait la philia –, le désenchantement absolu frappe en particulier ceux qui pensent ne plus rien avoir à attendre du développement des sociétés hyperindustrielles.
Ces désespérés sont des “desperados”, et ils seront de plus en plus nombreux.
Or, n’avoir plus rien à attendre signifie tout aussi bien n’avoir plus rien à craindre, ce qui est également le sens de l’elpis grecque : attente qui est porteuse à la fois de l’espoir et de la crainte. Dans le désespoir, il n’y a plus de crainte – et les mécanismes de répression, qui prolifèrent pour tenter de colmater les effets de la perte d’autorité qu’est aussi la perte d’esprit, sont de moins en moins efficaces. Car finalement, ils engendrent de plus en plus le contraire de ce pour quoi ils sont faits – et sous des formes extrêmes, et totalement irrationnelles, c’est-à-dire imprévisibles.
C’est ce qui advient en ce moment, et c’est une très mauvaise nouvelle : l’hyperpuissance du système technique de l’époque hyperindustrielle ne peut demeurer puissante que pour autant qu’y règne une confiance ordinaire que l’irrationalité destructrice engendrée par la liquidation du règne des fins ne peut que ruiner. La confiance est le préalable du fonctionnement de l’hyperpuissance : dès lors que celle-ci est perdue, l’hyperpuissance se renverse en hypervulnérabilité et en impuissance. La perte des motifs d’espérer se répand alors à tous comme une maladie contagieuse.
Ce tous n’est plus un nous : c’est une panique. »

B. S.

© Éditions Galilée
Site édité avec le concours du Centre national du livre
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