PRÉSENTATION
Nous savons aujourd'hui que les civilisations sont historiques, c'est-à-dire mortelles, et que tout est processus. Mais nous ne le savons encore qu'abstraitement, et en quelque sorte,
par défaut : à présent, non seulement l'invention du nouveau monde, qui se nommait hier encore progrès, n'apparaît plus spontanément porteuse d'avenir, mais,
pour la majorité de la population mondiale, occidentale aussi bien qu'orientale, elle ne mène nulle part. Quant à ceux qui tentent de la conduire, ils font chaque jour davantage l'épreuve de leur impuissance. Telle est l'actuelle désorientation.
L'ambition de la
Faute d'Épiméthée (premier tome de
La technique et le temps) était cependant de montrer que l'homme, être prophétique, sans qualité, a besoin
de boussole dans la mesure même où il est originellement déboussolé : sa spatiotemporalité procède de son défaut d'origine. la désorientation est originaire
dans la mesure même où l'histoire des techniques est celle e la "conquête de l'espace et du temps" durant laquelle s'établissent et se transforment
calendarités et cardinalités, distinguant levant et couchant, Orient et Occident, destinations, destins.
Au cours de cette évolution, les
programmes calendaires/cardinaux s'émancipent du jour solaire, du programme
cosmique, jusqu'au point où, à présent, ils imposent l'xpérience (la souffrance) de la
désorientation comme telle : la technique contemporaine est l'époque de l'industrialisation de la mémoire dont émerge une calendarité où
font défaut les points cardinaux (les "repères").
C'est la généralisation industrielle de ce que Husserl nommait les
objets temporels. Un objet est "temporel" lorsque son écoulement coïncide avec le flux de la conscience dont il est l'objet (exemple : une mélodie). Dans la nouvelle calendarité, les "flux de conscience" de la collectivité mondiale se déroulent en
coïncidence avec les écoulements temporels des produits des
industries de programmes, dont il résulte un bouleversement du processus même de
l'événementialisation (de "ce qui arrive"), de ce qui a
lieu, de ce qui
conjugue l'espace au temps,
comme temps). Bouleversement qui affecte aussi l'événement biologique, commande le "temps réel" numérique, etc.
Analyser l'industrialisation de la mémoire, c'est ouvrir à nouveau la question philosophique de la
synthèse (de
l'unité du flux de la conscience, du jugement) - mais à nouveaux frais :
en rupture avec ce qui, dans la philosophie, ne peut pas penser la synthèse qu'est déjà la prothèse.
SOMMAIRE
Chapitre premier
L'époque orthographique
Chapitre deux
Genèse de la désorientation
Chapitre trois
L'industrialisation de la mémoire
Chapitre quatre
Objet temporel et finitude rétentionnelle