PRÉSENTATION
Dans les semaines qui suivirent le « 11 septembre » 2001, Jacques Derrida et Jürgen Habermas se revirent à New York. Ils acceptèrent tous deux la proposition d’une collègue et amie, Giovanna Borradori. Il s’agissait de répondre, au cours d’un entretien avec elle, à des questions analogues et de type philosophique, au sujet de ce qu’on appelle le « 11 septembre ». Présenté, analysé et commenté par Giovanna Borradori, l’ensemble de ces échanges prit la forme d’un ouvrage d’abord publié aux États-Unis (Philosophy in a Time of Terror, 2003).
Jacques Derrida a pris l’initiative d’un nouveau titre en français. Il a voulu souligner le caractère philosophique des entretiens, certes, mais surtout attirer l’attention, sous la surveillance vigilante des guillemets, sur les difficultés qu’on rencontre lorsqu’on tente de former le « concept » d’une « chose » nommée par sa seule date, le « 11 septembre ». Il faut se porter au-delà de ce qu’une sorte de consensus universel ou de prétendu sens commun (langage quotidien, média, stratégie et rhétorique géo-politiques) tient pour un « événement majeur ». Qu’est-ce donc aujourd’hui, un « événement majeur » ? Telle est la question.
Pour la déployer, pour amorcer et problématiser la formation d’un tel « concept », ledit « 11 septembre », il faut prendre en compte plus d’une mutation en cours, remettre en cause un grand nombre de notions et de pseudo-évidences, qu’il s’agisse de la « terreur », du « terrorisme » (national, international, ou d’État) et de ses « nouvelles technologies », de la notion de « guerre », du passé et de l’avenir de la souveraineté, du droit international et de ses institutions (onu et Conseil de Sécurité), des « fondamentalismes », de l’histoire et des limites du concept de tolérance, etc.
SOMMAIRE
Avant-propos
Remerciements
Introduction : Le terrorisme et l'héritage des Lumières,
Habermas et Derrida
I. Fondamentalisme et terreur,
un dialogue avec Jürgen Habermas La reconstruction du concept du terrorisme selon Habermas
II. Auto-immunités, suicides réels et symboliques,
un dialogue avec Jacques Derrida
La déconstruction du concept de terrorisme selon Derrida