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Format : 15,5 x 24,5 cm Nombre de pages : 232
Prix : 32 € Date de parution : 2003
ISBN : 9782718606064
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Voyous
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PRÉSENTATION
« “La raison du plus fort est toujours la meilleure Nous l’allons montrer tout à l’heure.” De quel récit politique illustrerait-on aujourd’hui, dans la même tradition, cette moralité fabuleuse ? Deux conférences[1] se font écho en ce livre. Elles traitent l’une et l’autre de la raison et de la démocratie. Et de ce qui, sous ces deux noms, reste à venir. L’expression à venir ne fait pas seulement signe vers le futur, plutôt vers (ce) qui arrive, vers la venue de l’autre ou vers l’imprévisibilité d’un événement, de (ce) qui vient et qu’on ne voit pas venir. Qu’il s’agisse de la raison ou de la démocratie, qu’il s’agisse de politique ou de techno-science, quels sont,à l’âge de ladite “mondialisation”, les rapports à venir entre la force et la raison ? Y a-t-il un pouvoir de la raison ? Une raison comme pouvoir ? Les concepts de “raison”, de “démocratie”, de “monde” et surtout d’“événement ” appartiennent ici à un seul et même écheveau. Fil conducteur : la question de la souveraineté, notamment de la souveraineté état-nationale – soi-disant démocratique ou non. Qu’“arrive”-t-il à la techno-science, au droit international, à la raison éthico-juridique, aux pratiques politiques, à la rhétorique armée quand on y met en œuvre le concept et le nom de souveraineté, là où, dans la puissance de leur tradition et de leur fiction onto-théologique, ce nom et ce concept paraissent moins légitimes que jamais ? Qu’arrive-t-il aux motifs du “politique”, de la “guerre ” (mondiale ou non, internationale ou civile, à ladite “guerre des partisans”) et du “terrorisme” (national ou international), quand le vieux fantôme de la souveraineté étatique perd sa crédibilité ? Cette situation n’a certes pas été créée ou révélée par le prétendu “événement majeur” daté de quelque “onze septembre 2001”, même si la média-théâtralisation de ces meurtres et suicides a constitué la structure et la possibilité dudit événement. Le mot voyou a une histoire. La notion d’“État voyou” est d’abord la traduction récente et équivoque de ce que l’administration américaine appelle rogue State. Il traduit donc ce qu’on fait alors de la mondialisation – traduction douteuse et toute jeune de globalisation. Ces traductions nous orientent vers ce qu’on peut au moins surnommer la “question des Etats-Unis”. Comme L’Université sans condition (Galilée, 2001), Voyous propose aussi une distinction fragile mais sans doute indispensable : entre la “souveraineté” (toujours en principe indivisible) et l’“inconditionnalité”. Tel partage suppose qu’on pense, dans l’imprévisibilité d’un événement sans horizon, comme dans la venue singulière de l’autre, une force faible. Cette force vulnérable, cette force sans pouvoir expose à (ce) qui vient, et qui vient l’affecter. La venue de cet événement excède l’autorité légitimée de ce qu’on appelle un “performatif”. Elle déborde donc aussi, sans la contester, l’utile distinction entre “constatif” et “performatif”. Ce qui s’affirme ici, ce serait un acte de foi messianique – irréligieux et sans messianisme.Plutôt qu’à une Religion dans les limites de la simple raison (si chrétienne encore en son assise kantienne), une telle affirmation résonnerait plutôt à travers une autre appellation de khôra. Une réinterprétation du Timée de Platon avait surnommé khôra (qui signifie localité en général, espacement, intervalle) un autre lieu sans âge, un autre “avoir lieu”, la place ou le placement irremplaçable d’un “désert dans le désert”, espacement d’“avant” toute chrono-phénoménologie, toute révélation, toute dogmatique et toute historicité anthropo-théologique. Ce lieu n’est ni un sol ni un fondement. Là pourtant viendrait prendre appel l’appel à une pensée de l’événement à venir : de la démocratie à venir, de la raison à venir. À cet appel se confient tous les espoirs, certes, mais l’appel reste, en lui-même, sans espoir. Non pas désespéré mais étranger à la téléologie, à l’espérance et au salut de salvation. Non pas étranger au salut à l’autre, non pas étranger à l’adieu ou à la justice, mais encore rebelle à l’économie de la rédemption. » J. D. [1] La première conférence, “’La raison du plus fort’(Y a-t-il des États ‘voyous’ ?)”, fut prononcée à Cerisy-la Salle le 15 juillet 2002. Dirigée et animée par Marie-Louise Mallet, la décade de Cerisy avait pour titre : “La démocratie à venir (autour de Jacques Derrida).” La seconde conférence, “Le ‘Monde’ des Lumières à venir (Exception, calcul et souveraineté)” fut prononcée à l’ouverture d’un congrès de l’Association des sociétés de philosophie de langue française, à l’université de Nice, le 27 août 2002. Ce Congrès portait pour titre général : “Avenir de la raison, devenir des rationalités.”
SOMMAIRE
Avant-propos. Veni La raison du plus fort (Y a-t-il des États voyous ?) Le « Monde » des Lumières à venir (Exception, calcul et souveraineté)
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